La lampe de poche – éclairer son chemin

 

Je vous amène aujourd’hui dans une situation qui, bien que fictive, est très facile à imaginer pour chacun de nous.  Vous êtes seul(e), la nuit, en forêt, une forêt que vous connaissez bien pour l’avoir souvent parcouru en plein jour. Cette forêt est sur votre terrain. Toutefois, vous n’avez comme équipement qu’une lampe de poche, mais elle est puissante et efficace, fiable et résistante aux intempéries.

Essayer de vous imaginer cette situation dans votre tête.  Visionnez la scène dans votre esprit et observer les comportements qui caractérisent vos déplacements et vos réactions.  Essayer de déterminer comment l’usage de vos sens est altéré par la situation dans lequel vous vous trouvez, seul(e), dans un environnement, bien que connu, devient hostile par le moment où il se présente.

Vous vous rendez vite compte que votre façon d’avancer est complètement différente que lorsque vous êtes en plein jour.  Vos pas sont moins grands et sont éclairés par votre seul armement, votre lampe de poche. Vous faites chacun de ces pas en éclairant près de vous, par terre, prenant bien soin de vous assurer que vous déposez votre pied à un endroit sûr.  Vous vous assurez d’évoluer sans vous accrocher les pieds dans une racine, sans trébucher sur une roche, erreur qui pourrait bien vous projeter à plat ventre.

Vous avancez, lentement mais sûrement.  Vos sens sont aux aguets, vous écouter attentivement les bruits du vent, du ruisseau qui coule au loin.  Vous n’avez pas peur, car vous connaissez bien votre foret et ses sentiers. Mais voilà qu’après plusieurs minutes d’évolution, vous voulez vous assurer de votre parcours… Quel sera machinalement votre façon de valider votre chemin? Pensez-y! Que faites-vous alors?

Oui, vous vous arrêtez.  Vous levez votre puissante lampe de poche pour voir plus loin.  Vous éclairez le sentier, à la recherche d’un point de repère plus éloigné, qui vous confirmera que vous vous ne vous êtes pas égaré, que vous n’avez pas dévié de votre parcours et que, bientôt apparaitra une lueur qui vous indiquera que vous êtes revenu à la maison.  Mais pourquoi donc vous êtes-vous arrêté?  La réponse est simple et décrit ce que l’humain doit faire pour avancer dans la vie.

En vous arrêtant pour mieux voir l’horizon, vous avez validé votre chemin mais vous avez également mis en lumière un objectif à moyen et long terme.  Un but à atteindre, jusqu’au prochain but à atteindre.  Du même coup, afin de pouvoir visualiser cet objectif, il est impératif de stopper notre progression pour faire cette évaluation.  Si vous aviez relevé votre lampe de poche en continuant d’avancer, vos chances de trébucher sur cette racine ou encore que votre pied roule sur un caillou aurait augmenté grandement, avec les conséquences possibles.

Voilà donc comment l’être humain évolue.  Il doit sans cesse, s’il se retrouve en situation difficile, même en terrain connu, valider chaque pas qu’il fait afin de rester debout et continuer d’avancer.  Et comme lorsqu’il relève sa lampe de poche, il confirme son parcours en se fixant des objectifs à moyen et long terme et lorsqu’il y arrive, il s’en fixe un nouveau.  Il ne peut toutefois pas faire les deux en même temps.  Il ne peut avancer lorsque son esprit est constamment tourné vers le futur car, même si il connait bien sa vie et son environnement, la noirceur ne lui permet pas de tout voir et il ne peut se rappeler de chaque racine, chaque caillou mis sur son chemin.  À l’opposé, s’il évolue seulement par petits pas, n’éclairant qu’un mètre ou deux devant lui, sans s’arrêter pour valider son parcours régulièrement, l’être humain tourne en rond, se perd.  Bien sûr, il ne tombera pas, mais un jour, sa lampe de poche s’éteindra sans qu’il n’ait pu s’approcher de son but, le laissant seul dans le noir, avec la seule issue possible de s’écraser là où il est, dans l’obscurité.

Bonne route!