Une visite innatendue

 

La préparation au Marathon des Érables du 30 Avril n’a pas été de tout repos. Je partagerai prochainement d’ailleurs avec de plus amples détails, lors d’un épisode de « tranche de vie », ce que j’avais vécu, avec toute la difficulté rencontrée.

Me voilà maintenant, un mois après ma course, dans une période de ma vie dans lequel je suis très loin d’être à l’aise. Je peux même dire qu’en ce moment, je traverse une période des plus difficiles de ma transformation, de la réingénierie de mon être entier, autant physique que moral. Commençons d’abord par préciser que j’ai bien rempli mon engagement du 30 avril, le Demi-Marathon des Érables. 2h12min n’est certes pas ce que je peux faire de mieux, mais mettons un peu les choses en perspective.  Une semaine et demie avant cette course, je décide de rencontrer un chiropraticien sportif car je ressens certaines douleurs au dos lors d’une courte sortie d’entraînement de 5km.

Le diagnostic qu’on me présente me jette par terre.  On m’annonce que j’ai deux côtes sorties(!) des vertèbres du côté gauche et que c’est pour cela que j’ai mal.  On me dit également que j’ai une déformation au coccyx. Il est postérieur, c’est-à-dire qu’il est « sorti » et que cette condition est la cause des douleurs dont je me plains lorsque je m’exerce au rameur, mon workout favori après la course.   Heureusement, mon praticien me dit que quelques manipulations devraient régler mon problème de côtes et me permettre de courir mon demi sans trop de mal. Le problème au coccyx est plus long à régler. Et mon rameur, et mon vélo stat sont sur la touche pour une bonne période de temps. Premier coût à mon psycho.

Je cours donc mon demi et retourne voir mon Chiro pour qu’il continue le travail si bien commencé.  C’est alors que je suis sur sa table que je reçois un sérieux avertissement.  Mon corps est fatigué, épuisé et il me lance des signaux.  Après une manipulation de mon dos, me voilà dans les vaps et je perds le son et l’image.  S’engage alors entre moi et mon praticien, une conversation qui, bien que courte, me sert d’enseignement.  Mon corps a besoin de repos, il ne donne plus de rendement, il est fatigué et distribue à qui mieux mieux ses demandes de « vacances » afin que je lui permette de reprendre de l’énergie.  Je vous épargne ici la liste grandissante de mes petits bobos et diverses conditions physiques qui sont autant de signaux d’alarme me demandant de « faire quelque chose! » Mon Chiro me réitère que je dois prendre une sérieuse pause…

 J’en suis là… je décide donc au début du mois de mai d’arrêter l’entrainement complètement, ne limitant mon activité qu’à la marche et au Yoga, discipline qui m’apporte beaucoup de bien mais du quelle je m’étais éloigné depuis un certain temps, faute de pouvoir l’insérer dans un agenda déjà passablement chargé.  Je décide alors de ne recommencer l’entrainement plus sérieux qu’à la mi-juin, afin d’être prêt pour ma prochaine course, fin aout à Lachine. Objectif et agenda sont fixés.

C’est alors qu’au cœur de cette chaîne évènementielle débarque chez nous une vieille connaissance avec qui je n’avais pas renoué depuis plusieurs années et que j’accueille à bras ouverts. Un vieux « chum »! Pourquoi pas? Il n’a pas de domicile fixe et est à la recherche d’un endroit temporaire pour s’installer, le temps de se refaire une situation et de retomber sur ses pieds.  Je l’invite donc à s’installer chez moi et sa présence au quotidien m’est agréable.  Nous partageons ensemble d’innombrables souvenirs et d’agréables moments, nous rappelant le bon vieux temps où lui et moi, avions une relation confortable et plaisante.  De plus, sa présence me permettra de partir en voyage sans le souci de laisser la maison. Le reste de mon histoire ne vous surprendra pas, vous y trouverez peut-être même des similitudes avec votre propre vécu.

Après un mois, il est toujours chez moi. Le réconfort de sa présence des premiers jours est toutefois disparu.  Certes, les moments que je passe avec lui sont agréables et emplis de bonheurs divers, mais cet état passager est de plus en plus de courte durée.  Je me suis demandé maintes et maintes fois comment lui annoncer qu’il devait partir. À chaque fois, le sentiment de culpabilité m’envahissait, me faisait reculer, de peur de faire de la peine à ce précieux compagnon de route qui ne demandait qu’un peu d’attention.  Mais voilà, je ne peux continuer d’avancer en sa présence. Il m’est nuisible, toxique.  Je suis donc décidé de mettre fin à ce bref épisode de ma vie qui a déjà été trop long hélas. 

Je n’ai donc d’autres choix que de me lever demain matin et lui annoncé qu’il doit partir.  Comme à l’habitude, je me lèverai et me rendrai à la salle de bain pour ensuite me tourner vers lui, dans le miroir, pour lui dire en pleine face :

« Voilà maintenant un mois que tu es revenu dans ma vie, que tu m’as convaincu que j’ai le droit de négliger de prendre soin de moi, soit par des excès d’alimentation, soit par absence répété d’exercice.  Je ne te parle pas ici d’entraînement, mais de simple activité physique, bonne pour moi, mais qui me permet de suivre le plan de récupération que je m’étais fixé.  Mais je t’ai cru quand tu m’as convaincu que ce n’était pas si grave de faire des excès, que c’était correct.  Je t’ai cru…

Aujourd’hui, je suis pris pour perdre les 14 livres que tu m’as fait prendre en un mois.  Je suis pris pour lutter à chaque matin pour me convaincre que je peux encore bouger et être bien dans ma peau.  Je suis pris avec la peur de ne plus jamais être capable de performer et faire les sports que j’aime. Aujourd’hui, j’ai peur de ne plus pouvoir courir 21.1 km et je réfléchis.

Je suis pris avec cela… moi seul.

Voilà pourquoi je t’annonce que je te mets dehors.  Je t’aime bien mais on est plus fait pour vivre ensemble, toi, mon ancien moi, et moi-même.  Ça m’a fait plaisir de te revoir mais je ne peux pas continuer avec toi dans ma vie, du moins pas encore.  Peut-être un jour serais-je assez fort pour t’avoir dans mon environnement, mais ce jour-là n’est pas arrivé.  Je te demande de partir et de ne pas m’en vouloir, de me pardonner.  J’espère que tu le feras, car moi je l’ai déjà fait à ton égard.  Je sais que tu ne veux pas de mal mais je sais aussi que tu ne me veux pas de bien.  Alors tourlou, ancien Michel.  Merci pour la visite!  C’a été plaisant mais tu dois partir…

À la prochaine peut-être, je te donne de mes nouvelles.  Je t’aime, sans rancunes…